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Motobécane Z2C
24 novembre 2017

La traversée du Sahara à moto (3/7)

- Les préparatifs -

Pour réaliser ce voyage, j’ai acheté en janvier 1985, une moto d'occasion, Yamaha 500 XT de 1979 (type 1E6), au mécanicien qui travaillait pour l’association des V.P (au prix de 335 000 frs CFA, soit 6700 Fr français, soit 1000 €). 
Cette moto avait déjà de nombreux kms au compteur (officiellement 39 500 kms) et avait probablement déjà fait le voyage entre la France et le Sénégal. Je n’ai pas de photo de cette moto dans son état originel. Voici cependant un cliché du modèle 1E6.

Résultat de recherche d'images pour "yamaha 500 xt 1E6"

Rappelons que ce modèle de moto avait été victorieux par deux fois au rallye Paris-Dakar en 1979 et 1980, pilotée par Cyril Neveu.

• La remise en état

Pour envisager ce voyage retour vers la France dans de bonnes conditions, il m'a fallu apporter un certain nombre de modifications.
La moto a été entièrement démontée à mon domicile (Koubanao), qui rappelons le est un village situé en pleine brousse (ni eau, ni électricité).
Au préalable, un diagnostic a été établi avec un mécanicien, en particulier sur la partie moteur. Selon lui, il s’avérait indispensable de réaliser un réalésage avant d’envisager ce voyage, sous peine d’avoir une consommation d’huile importante.

Sahara 1128

B., un voisin observe avec curiosité la préparation de la moto

En accord avec mon ami O., venu me voir à Koubanao et qui rentrait en France, nous avions convenu qu'il me fasse parvenir par voie postale, dans les meilleurs délais (dans un colis soigneusement préparé avec du camouflage alimentaire),  les pièces nécessaires à la réfection de mon bolide, à savoir pour la partie moteur :

- 1 piston
- 1 jeux de segments
- 1 axe de piston + circlips
La côte de réalésage étant, lors du démontage de 0,5, il fallait une côte supérieure, soit 0,75.
Il était également nécessaire de changer deux roulements de villebrequin (pour le côté droit et le côté gauche).

Pour la partie cycle, il fallait changer le tube pivotant avec les roulements à aiguilles du bras oscillant de la suspension arrière. 

• La construction d’un réservoir de 40 litres

La présence d’O., ami de longue date, en séjour à Koubanao a clairement facilité la mise en place de ce projet de retour. Ainsi, il me proposa de réaliser une pièce vitale indispensable : le réservoir.
Maitrisant parfaitement la technique de la construction en fibre de verre (acquise dans son parcours d’animateur sportif dans divers clubs de canoës), il me suggéra de construire une réservoir d’une capacité suffisante et indispensable pour traverser des zones désertiques, sans poste à essence.

Sahara 1051

La fabrication du réservoir avec l'aide précieuse d'O.

Après un aller et retour en France, il me rapporta le matériel nécessaire (toile, résine...).
Pour cette fabrication, nous avons utilisé le réservoir de 40 litres, en PVC, de la Honda 500 XLR de mon compère F., sur lequel nous avons "moulé", en deux parties un modèle en fibre de verre, en veillant à implanter dans la toile et la résine des points d'attaches.

• Les installations spécifiques

Outre, un réservoir d’essence qui devait être suffisamment grand, il était indispensable de pouvoir transporter une quantité d’eau suffisante (au moins 20 litres), des pièces de rechange, des outils, une installation sommaire pour bivouaquer, des réserves de nourriture, une pharmacie de base, des vêtements….
La solution pour cela était de fabriquer un porte-bagages adapté à ces besoins et suffisamment costaud pour résister aux vibrations infernales de la tôle ondulée.

Je me suis donc attelé à concevoir et a réaliser cet élément de portage, en travaillant des morceaux de fer plat et de tôle, en les sciant, limant, ajustant, "à la main" et en les soudant à l'aide d'un poste de soudure relié à un petit groupe électrogène, prêté par un ami.
(rappel : il n'y avait pas d'électricité à Koubanao en 1985).

Sahara 1138

Les pièces du porte-bagages avant l'application de la peinture antirouille

Sahara 1139

Le porte-bagages installé supportant le bidon d'eau 
maintenu par des sangles (ceintures de sécurité !)

• Le permis de conduire

Dans le même temps, il m'a fallu passer le permis pour me permettre de conduire des motocyclettes (supérieur à 125 cc). Pour cela, j’ai du me préparer à la totalité des épreuves : code et conduite. Ainsi, j’ai assisté à des leçons de code basé sur le code Rousseau où figurent toutes les routes et autoroutes (inexistantes au Sénégal !).

Comme les questions étaient traduites en plusieurs langues (Diola, Wolof…) afin de permettre aux autres personnes inscrites à l'examen, de décrocher ce premier niveau de connaissances, les leçons prenaient un certain temps ! 
En ce qui concerne, l'épreuve de conduite, je suis venu accompagné par mon ami F. qui possédait déjà sa Honda 500 XLR. L’épreuve a consisté à réaliser une accélération sur une ligne droite, à effectuer un freinage et à faire une demi tour dans une rue. Rien à voir avec le lourd protocole d'épreuves du permis moto français.
Ce ne fut dont pas trop difficile de décrocher le « Graal ». J’ai obtenu mon permis moto le 27 mars 1985.
Le même jour, j'avais également tenté le permis poids lourd (en vain).

• L'attente des pièces

J'ai attendu jusqu'au dernier moment les pièces qu'O. m'a envoyé de France, lors de son retour. Malheureusement, elles ne sont pas arrivées à temps, dans le délai que nous avions prévu. Les services postaux étant lents et parfois défaillants.
Au final, j'ai du remonter le moteur dans son état d'origine, en prenant le risque d'avoir une consommation d'huile importante, mais je n'avais pas d'autre choix.

• Le gri-gri de B.

Heureusement, B., un voisin devenu ami, animiste de religion m'a proposé de me fabriquer un gri-gri pour me protéger durant mon voyage retour et qui me permettrait en plus de trouver à mon arrivée en France , une femme, du travail ...
J'ai donc été invité dans l'intimité de sa case à une séance où il a procédé à des incantations devant son "arbre fétiche", en versant quelques gouttes de vin de palme.
Dans une petite corne de chèvre (voir photo ci dessous) que je lui avais fourni, il a introduit des végétaux, ainsi que des morceaux d'un oiseau séché qu'il avait capturé en brousse en disposant de la glue dans son nid !

P1010908

 Quelques gri-gri, dont la petite corne,
censée me protéger durant mon voyage

À la sortie de cette petit cérémonie, j'ai pris conscience que j'allais quitter un monde, des amis et un environnement qui m'avaient totalement transformé. 

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2001 11 11 Motobécane Z2C (31) - Copie

Ce blog présente un projet de remise en état d'une motocyclette Motobécane Z2C de 1951 qui attend depuis plus de 40 ans au fond d'un garage.
Sans trop s'attarder sur l'aspect technique, il retrace les étapes de cette aventure et fait également référence à d'autres petites histoires de motos qui ont trait au désert du Sahara. 

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Sahara 1203

L'auteur, lors de la traversée du Sahara à moto en juillet 1985.

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